Remise en question bruyante =Libre=

Le prince était en vadrouille. Il avait fugué du château et fui sa cour. Il préféra se réfugier dans une agitation anonyme, si bruyante qu'il s'entendait à peine penser. Et pourtant il pensait. Oh que oui, pas qu'un peu! Depuis qu'il s'était assit au bar de la boîte de nuit il n'avait de cesse de se remettre en question, tenant fermement son cocktail qu'il n'avait pas encore entamé. Les minutes s'écoulèrent pendant qu'il réfléchissait. Il était maintenant plus de minuit et il avait repoussé quelques avances de jeunes femmes avenantes pour continuer à réfléchir. Il se posait des questions sur tout et n'importe quoi.
Le pensionnat sera-t-il un jour tranquille? Où était Krimy? Et la plupart des élèves qui avaient disparu du jour au lendemain? Qu'étaient-ils devenus? Kamui était-il vraiment amoureux de la métamorphe? Quand pourrait-il apprendre un nouveau pouvoir? En parlant de ça, il avait déjà une idée. Le pouvoir de la roche. Etre capable de rendre son corps aussi dur que le diamant, ses poings aussi lourds que le marbre... Cela lui plaisait bien! En y pensant il avait vidé son verre sans s'en rendre compte et commandé un second. Il n'écoutait pas la musique, ne regardait personne. Mais il sentait des regards posés sur lui. Ces gens se croyaient invisible, mais Kamui usa de son don pour y voir comme en plein jour. Il vit donc le groupe de filles qui l'observaient avec des étoiles dans les yeux.
Il se leva donc et s'approcha d'elles. Les filles étaient pétrifiées, une expression faciale à mi-chemin entre l'adoration et la crainte d'être repoussées violemment.
Le prince réussit à parler assez fort pour qu'elles entendent du premier coup.

- J'accorderais une danse à celle qui me file une clope et du feu. Des volontaires?

Bien sûr, elles fumaient. Toutes les quatre. Elles étaient à la limite de se battre pour être la première à offrir un cigarette au prince. Ce dernier usa de son don pour voir clairement laquelle était la plus jolie - car niveau intellectuel elles semblaient être égales - et accepta donc "l'offrande" d'une petite rousse aux yeux gris habillée d'une robe noire et blanche. La jeune fille était tout émoustillée et sa joie contrastait d'une façon amusante avec la déception de ses copines.
Ainsi, Kamui dansa avec la rousse des minutes durant. Elle lui avait dit son prénom, il ne l'avait même pas retenu. Au bout de deux chansons, il s'éloigna sans demander son reste. La fille avait bien tenté de le suivre mais le regard que le prince lui avait lancé à ce moment là était lourd de sens et l'avait dissuadé de s'acharner.
Kamui, lui, était retourné au bar en demandant son troisième cocktail. Il s'alluma la cigarette et tira lentement dessus. Il était déjà habitué à fumer. Ca ne le détendait pas vraiment. A vrai dire, cela ne produisait aucun effet notable sur lui. Mais il aimait fumer, point barre.
En observant la foule avec ses yeux de chat, il reconnut facilement quelqu'un qu'il avait aperçu à Tatchoum. Cette personne semblait l'avoir vu lui aussi et s'avança dans sa direction.

Inutile, voilà le mot qu'elle ressassait depuis un moment dans sa tête, énervée contre elle même, elle quitta le pensionnat et se rendit en ville, loin des pensionnaires et de son imbécile de frère. Elle ne
voulait voir personne de connu. Elle ne voulait parler avec personne en ce moment. Elle erra dans la rue plusieurs heures sans même noté que le vent glacial de l'hiver frappait de toute ses forces sur son visage. Ce
n'est que quand la nuit était tombé qu'elle "reprit ses esprits" et chercha un coin pour se mettre au chaud.

Elle tourna la tête vers un grand panneaux lumineux qui l'intrigua. Le Platinium. Ce nom lui fit évoquer un bar ou une boîte et s'approcha plus du bâtiment. Elle n'était jamais aller dans un endroit comme celui là et la curiosité la poussa a vouloir entrer dans cette fameuse boîte de nuit, mais elle était tout de même réticente. En plus, elle trouvait qu'il faisait maintenant trop froid et trop noir pour rester dehors,
mais cela n'étais qu'un pretexte pour se convaincre d'entrer. Elle voulait faire quelque chose de nouveau, se changer les idées.

Elle entra d'un pas décidé dans la boîte, elle était assez bien habillé pour ne pas se faire jeter par le vigile puis se dirigea vers les vestiaires pour poser son manteau et ses affaires et courut vers la
salle de danse. Elle sentit une vague de liberté qui la réjouissait. Et c'est à ce moment là qu'elle eut un blocage, elle était en plein milieu de la piste et ce demanda pourquoi elle était là. Elle était toute
seule, dans un endroit complètement inconnu ou une foule de personnes dansait au rythme de la musique techno. Elle regarda les autres danser, perdue.

Elle voulut s'éloigner de la foule mais une main attrapa son poignet brusquement. Elle tomba nez à nez avec un jeune homme séduisant, qui avait surement 2-3 ans de plus qu'elle. Avec un grand sourire, il lui demanda si elle ne voulait pas danser avec elle. Étouffée par la foule elle ne sut quoi répondre et fut entrainé dans les bras du jeune homme qui crut qu'il s'agissait d'une réponse positive. Surprise elle le repoussa violemment. Elle ne vit l'expression surprise de celui ci que quelques secondes avant de lui tourner le dos et de se faufiler dans la foule espérant trouver un endroit moins oppressant.

Elle était sur le point de pleurer, elle sentait que ses yeux s'embuaient de plus en plus. Elle fit mine d'éternuer pour mettre son visage entre les mains, la tête en avant et profiter de ce moment pour
essuyer les larmes. Elle a voulut jouer les rebelles et c'était raté, elle se sentait ridicule et impuissante dans cette ambiance qu'elle n'avait jamais connu.

Elle leva la tête vers le comptoir du bar, ayant l'impression d'être observée. Elle reconnu Kamui, accoudé au comptoir, fumant une cigarette d'un air décontracté. Il l'avait aussi reconnu, mais peu importe, elle
était à présent contente de voir quelqu'un qu'elle connaissait dans cet endroit. Elle courut en direction de celui ci et s'arrêta net, reprenant sa respiration. Elle voulut parler, mais elle se ravisa, elle ne savait pas quoi dire.

C'est la première fois que je viens ici, dit-elle.

Cette phrase était la pure vérité mais complètement inutile. Qu'est ce qu'il en avait à faire que c'était la première fois qu'elle venait ici! Elle voulut dire quelque chose d'autre mais se ravisa et baissa légèrement la tête, gênée.

Suguri. Oui, Kamui se souvint l'avoir vue aux jardins, juste avant que Chris ne tombe malade. Il s'était surtout souvenu qu'elle s'était disputée avec son frère et qu'il avait réussit à calmer un peu les esprits en leur parlant de la fête. Il laissa la jeune fille approcher. Elle semblait rassurée de voir un visage connu au milieu de cette foule. Le prince l'invita à s'asseoir à côté de lui, ce qu'elle fit. Elle ne dit rien pendant un moment, reprenant son souffle et ses esprits. Kamui gardait le silence pour le moment mais ne la quitta pas des yeux, de peur qu'il lui arrive quelque chose d'identique à la scène à laquelle il avait assisté juste avant, quand l'inconnu avait voulut entraîner Suguri sur la piste de danse.

- C'est la première fois que je viens ici, dit-elle. Elle avait l'air honteuse d'avoir dit cela.
- Moi aussi, je te rassure... J'étais déjà allé en boîte quelques fois mais jamais dans celle-ci. Mais elle n'est pas très différente des autres.

Suguri sourit un peu, le prince lui rendit son sourire à la puissance dix. Il voyait que quelque chose tracassait la jeune fille, et cela lui rappela la scène dans les jardins avec Akira.

- Tu t'es encore disputée avec ton frère? C'est pour ça?

En parlant de frère, elle n'était certainement pas au courant de la mort de Kuryo. Depuis combien de tems n'avait-elle pas vu Akira? Elle n'avait pas l'air aussi bouleversée que son frère ou que Sakura. Kamui se demanda alors s'il lui dirait ou non... Il décida d'attendre un peu, voir si le bon moment arrivera dans la soirée. Pour l'instant, il tut la mort de Kuryo et décida de faire en sorte que Suguri s'amuse ce soir.

Suguri sourit un peu, elle voulait préciser que c'était la première fois qu'elle allait dans une boîte de nuit mais elle trouvait que cela ne servait à rien de dire ça. Même si elle se sentait tracassée, elle ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant le visage rayonnant de Kamui.

Que je suis dans cet état à cause de mon frère? répondit-elle a Kamui. Elle fit une pause avant de reprendre en souriant.

Non pas vraiment, c'est vrai qu'il est assez énervant par moment mais c'est pas vraiment ça qui me tracasse, c'est assez compliqué.

Elle avait oublié que son frère l'avait énervé, est ce que c'était à cause de ça qu'elle ne se sentait pas dans son assiette.

Quoiqu'il en soit, vu que je suis ici, autant que je me change les idées, je me sentait trop enfermé dans le pensionnat.

Elle commanda un cocktail, elle prit un moment à chercher les pièces dans son petit porte monnaie. La lumière qui changeait toutes les cinq secondes la déstabilisait mais l'amusait beaucoup.
Elle était quand même gênée et donna les pièces au barman avec un petit sourire. Elle prit la coupe et sirota un peu la boisson avant de dire:

Quand j'aurais fini le cocktail tu viens danser avec moi? dit elle timidement, faut vraiment que je m'amuse, j'ai pas envie de penser au pensionnat pour l'instant.

Sujet: Re: Remise en question bruyante =Libre= Mer 24 Mar 2010 - 3:50

La petite Suguri se confia brièvement sur son grand frère qui, effectivement, avait tendance à l'agacer. Mais cela ne sembla pas être la raison principale de son coup de blues. Comme elle le dit à Kamui, elle avait juste besoin de se changer les idées et de ne plus penser à Tatchoum pour le moment. Elle proposa au prince de danser lorsqu'elle aurait finit son verre. Le jeune homme accepta avec joie et attendit avec trop peu de patience le moment où Suguri serait prête.
Au bout de quelques petites minutes la jeune fille posa son verre enfin vide et Kamui se jeta presque sur elle. Il lui attrapa la taille et l'entraîna sur la piste de danse sans se départir de son sourire radieux. Suguri, elle, affichait son habituel air timide qui faisait craquer le prince! Celui-ci aimait danser avec la jeune fille. Au fond il avait lui aussi besoin d'oublier un peu le pensionnat et ses petits soucis d'ado amoureux.

D'ailleurs, quand on est amoureux et insatisfait, il est difficile de freiner son taux d'hormones, surtout pour Kamui qui a toujours été prompt. Et pour l'être, il l'était. Il avait vraiment envie d'embrasser Suguri. Mais au fait, quelle est la meilleure façon de faire dans ce cas-là? Lui voler un baiser et risquer de se faire détester? Lui demander gentiment et risquer de passer pour un con lorsqu'elle refuse net?
Kamui décida d'y aller en finesse. Tout en se rapprochant de Suguri, collant toujours plus son corps au sien, il ajoutait une légère sensualité dans ses pas de danse. Pour le moment, ça avait l'air de fonctionner puisque la jeune fille continuait de le suivre sans le repousser. Puis, le Prince - étant plus grand que sa partenaire d'une trentaine de centimètres - se courba légèrement afin de rapprocher son visage du cou de la petite japonaise. Sans le toucher, il le frôla de ses lèvres et remonta jusqu'à l'oreille sur laquelle il ne put s'empêcher de donner un petit coup de langue rapide. Puis, effleurant sa joue contre celle de Suguri, il chemina jusqu'à ses lèvres où il déposa un petit baiser. Tendre, bref, réussit.

Avez-vous comprit? Kamui agit de sorte que Suguri ait à son tour envie de l'embrasser. En général, ce genre de technique sournoise est efficace. Ainsi, le Prince attendit un retour sans s'arrêter de danser et tout en caressant de haut en bas le dos de la japonaise.

Suguri avait à peine eu le temps de poser son verre que Kamui l'entraina sur la piste de danse. Elle fit un petit sourire gêné en regardant le prince, puis regarda autour d'elle, elle n'avait aucune
idée de la façon dont elle devait danser. Au début, elle regardait comment les gens dansaient mais Kamui se rapprochait d elle de plus en plus.

Elle sentit que ses joues s'enflammèrent, le cocktail lui montait un peu à la tête mais sans gravité. Elle et Kamui étaient de plus en plus collées mais elle ne sentait pas du tout gênée au contraire, elle se
sentait bien et elle se laissa entrainer par les pas de danse du Prince.

Son sourire était radieux, elle ne pensait plus aux autres personnes qui l'entouraient. On peut dire qu'elle tombait littéralement dans les bras du Prince, elle se laissa embrasser par Kamui. Mais elle ne
pouvait pas s'empêcher de faire des yeux surpris. Et bien que dans sa tête elle se disait qu'elle ne rendrait pas ce baiser. Suguri agrippa les épaules du Prince se mis sur la pointe des
pieds pour éviter à Kamui de se baisser excessivement et l'embrassa passionnément. Elle le regarda dans les yeux quelques secondes mais elle avait l'impression que ça avait duré une heure. Elle continua de danser un
bon moment avant de s'arrêter, essouffler.

J'en peux plus, il faut que je fasse une pause, annonça t-elle dans un souffle.

Elle s'éventa avec ses mains bien que cela ne servait à rien. Elle attrapa le poignet du jeune homme et ils s'éloignèrent de la piste de danse.

On s'assoit ? demanda t-elle avec une petite voix.

Kamui était content de voir que sa technique de dragueur avait réussit. Suguri avait pourtant l'air hésitante et elle était si timide que le prince ne s'attendait pas à ce qu'elle lui rende son baiser. Et pourtant oui. Kamui était satisfait, mais sans plus. Il sentait qu'après ses deux récentes déceptions amoureuses, il n'avait plus vraiment envie de construire quelque chose. Désormais il était libre, libre de « chasser » celle qui lui plairait, et de la jeter (en douceur bien sûr, il n'était pas un monstre) comme il l'entendrait.
Bien sûr il y avait des intouchables. Hagosan et... Hagosan... Enfin, peut-être même chaque jeune fille déjà follement amoureuse. Celles-ci ne valaient pas la peine et Kamui n'aimait pas essuyer un refus.

Bien qu'il appréciait beaucoup Suguri et chaque autre fille du pensionnat, il n'aurait aucun scrupules à lui donner des faux espoirs puis à la laisser tomber pour au final revenir vers elle en tant qu'ami bienveillant.
Mais il y avait un problème. Kuryo était mort, et la jeune fille n'en savait rien. Au fond de lui Kamui ne se sentait pas assez sadique pour être celui qui annoncerai la mort de son frère si en plus il lui brisait le cœur. Mais si il lui cachait la mort du vampire, elle finirait non seulement par l'apprendre par quelqu'un d'autre mais en plus elle saurait que Kamui était au courant.
Bref, le prince était dans un bien cruel dilemme. Jusqu'à ce qu'il réalise que la terrible nouvelle pouvait être un bon moyen de se rapprocher d'elle, de la consoler, et de la faire tomber dans ses filets. Il avait pensé à tout cela entre le moment où ils s'étaient arrêtés de danser et celui où il prirent place au bar pour se reposer. Après un long silence, Kamui attrapa le poignet de Suguri et l'entraîna dehors.

Une fois dans la rue, ils profitèrent de l'air frais de la nuit. Il devait bien être entre deux et trois heures du matin. Le prince fit quelques pas avant de se rapprocher à nouveau de la petite japonaise. Il la regarda droit dans les yeux et commença à parler:

J'hésitais à te le dire car tu avais l'air de beaucoup t'amuser. Mais je peux pas me retenir plus longtemps. Suguri... il faut que tu saches... Kuryo est... ton frère est mort... Nous l'avons retrouvé sans vie sur le toit du pensionnat et personne ne sait qui l'a tué.

Comme il l'avait prédit, Suguri s'effondra en larmes après avoir accusé le coup. Il la prit donc dans ses bras sans un mot et attendit qu'elle se calme, dût-il attendre jusqu'au levé du soleil.